Langue et culture au Québec

INTRODUCTION

En novembre 2006, le Parlement adopte une motion reconnaissant que les Québécois forment une nation, ceci après de longs débats où le Petit Larousse, le Petit Robert et l’Oxford English Dictionary sont cités dans le but d’établir ce qu’est une « nation ». Les définitions font appel aux notions d’unité historique, linguistique, sociale, culturelle ou territoriale d’un groupe humain (Guimond, 2006). Certains s’opposent à cette motion, ce qui cause même la démission d’un ministre qui prône l’existence d’une seule nation indivisible, le Canada, et rejette ce qu’il appelle le « nationalisme ethnique » (Radio-Canada, 2006). Politiquement, le gouvernement conservateur désire plaire aux Québécois, alors que les opposants craignent le retour d’un État québécois souverainiste qui tirerait profit de cette désignation.

Voilà un exemple du cafouillis entourant les discussions qui portent sur la nature de la nation, de l’État, de la culture, de la langue et de ce qui constitue l’identité d’un peuple. Au Québec, seul État francophone en Amérique, la langue occupe une place de choix dans ces discussions, de même que la culture. Nous allons tenter de définir la nature fondamentale de ces termes, qui ont parfois plusieurs acceptions, et examiner ce qui les relie entre eux. Nous allons ensuite examiner comment la langue a acquis un statut si important au Québec par rapport à la culture et ce que cela signifie pour l’avenir.          

DISCUSSION

Nation versus État

L’État est une entité politique, légale, exerçant un pouvoir sur la population d’un territoire donné. Les personnes vivant sur ce territoire sont des citoyens de cet État, pourvus de certains droits et devoirs. Ce lien entre chaque citoyen et l’État est universel sur le territoire et n’exclut personne.

Une nation est plus difficile à définir. Une acception possible est celle d’un groupe humain ayant des institutions politiques communes et vivant sur un territoire donné, ce qui équivaut à la définition des citoyens d’un État. Ce n’est pas l’acception qui nous intéresse ici. Notre discussion portera plutôt sur la distinction essentielle entre un État et une nation : « la culture est l’élément distinctif qui permet de ne pas confondre la nation avec l’État » (Balibar, 1994). 

Dans cette acception, nous ne parlons plus de l’universalité qui unit tous les citoyens avec la construction artificielle qu’est l’État. Nous parlons plutôt ici de ce qui unit les citoyens entre eux : une culture commune. L’État et les politiciens qui en assurent la direction, ou aspirent à le faire, recherchent toujours une forme de cohérence sociale sur laquelle s’appuyer pour prendre des décisions. Cependant, dans ce contexte, l’universalité est utopique. On ne peut qu’espérer une majorité suffisante pour dégager la tendance. Au Québec, la langue française majoritaire, en opposition historique avec la langue anglaise du conquérant, constitue un puissant unificateur. Mais la langue n’est pas la culture. En fait, qu’est-ce que la culture ? 

La culture

La culture est un autre de ces termes qui possèdent plusieurs acceptions. Voyons ce qu’en disent les dictionnaires. La culture serait un ensemble de manifestations intellectuelles, artistiques ou religieuses qui définissent une société. Ce qui est défini ici, ce sont des phénomènes ou produits observables influencés par une culture et, jusqu’à un certain point, vecteurs de cette culture. Dans ce contexte, les éléments de ressemblances dans ces manifestations permettent de dégager ce qu’on appellera « la culture » d’un groupe ou d’un peuple. Une acception plus pointue, et plus juste, serait l’ensemble des formes acquises de comportements de l’être humain. Ici on parle des manifestations de la culture en tant que façons d’agir et de réagir. Nous voyons que la nature de la culture, comme la mécanique quantique, se dissimule derrière ses effets observables. 

L’élusive culture se retrouve plus fidèlement décrite à travers la définition d’agriculture : ensemble des travaux transformant le milieu naturel pour la production des végétaux. Il suffit de remplacer « végétaux » par les diverses manifestations soulignées dans le paragraphe précédent. Quels sont donc ces « travaux » et ce « milieu naturel » ? Il s’agit des réseaux neuronaux du cerveau, lesquels seront modifiés (croissance, élagage, renforcement de certaines connexions au détriment d’autres, etc.) tout au long de la vie d’un individu, et particulièrement pendant l’enfance, en réponse à son environnement et aux expériences vécues, établissant ainsi son identité culturelle. Et cette identité est à la base des observables mentionnés plus tôt, particulièrement les façons d’agir et de réagir.   Il importe de rappeler que les normes sociales font partie de la culture. Celles-ci « vont nous permettre de savoir comment se comporter, de quelle manière juger, ce qui est désirable ou ce qui ne l’est pas et vont permettre une uniformisation des comportements à l’intérieur d’un même groupe » (Delouvée et Wagner-Egger, 2022, p. 57). 

La langue

Mentionnons d’emblée que la langue est aussi inscrite dans des réseaux neuronaux, à la suite d’un apprentissage. La langue maternelle s’acquiert automatiquement au contact de l’environnement linguistique, généralement la langue parlée par les parents. Les nouveau-nés ont une capacité extraordinaire à apprendre les langues. Ils distinguent très tôt les sons de la langue maternelle, puis s’entrainent à les prononcer (babillage) pour finalement articuler les premiers mots vers un an et progresser rapidement jusqu’à l’entrée à l’école (Hallé, 2004 ; Bertoncini et De Boysson-Bardies, 2000 ; Daviault, 2011). 

Si l’apprentissage d’une seconde langue se fait pendant cette période précoce, l’enfant risque de devenir parfaitement bilingue, effectivement en possession d’une seconde langue maternelle. Par contre, un apprentissage tardif dans un cadre formel demandera beaucoup plus d’effort et la langue seconde ainsi apprise sera teintée d’un accent hérité de la langue maternelle (Defamie et Balsen Pantic, 2014).

Le rôle de la langue est d’évoquer et d’organiser dans l’esprit de son interlocuteur des concepts dont la signification d’ensemble correspond à ce qu’on désire lui communiquer. Reboul et Moeschler (1998a) rappellent qu’un énoncé contient deux types de contenu : un contenu conceptuel, correspondant à des objets réels ou abstraits et aux propriétés et actions se rapportant à ces objets (noms, adjectifs, verbes) ; et un contenu procédural, qui ne correspond pas à des « objets », mais fournit des « instructions » permettant de saisir le sens exact de l’énoncé (pronoms, temps et mode des verbes, conjonctions, adverbes).

Il semblerait donc que le contenu conceptuel agit comme un index permettant d’accéder aux concepts correspondant à ce dont on parle, alors que le contenu procédural fournit des informations qui dépassent le rôle de la syntaxe en établissant des relations de différentes natures entre ces concepts et avec le locuteur. Le premier type de contenu est celui que l’on commence à acquérir très tôt dans l’enfance, par exemple lorsqu’un parent montre une image en prononçant le mot qui correspond à cette image.

La langue maternelle est non seulement mieux maitrisée, mais elle est aussi apprise concurremment avec les concepts qu’elle décrit, ce qui la rend plus apte à exprimer exactement la pensée du locuteur que le serait une langue seconde moins bien maitrisée qui découpe la réalité à l’aide de concepts qui ne correspondent pas exactement au découpage de la langue maternelle.  La langue en soi n’influence pas les comportements, ce qui est l’apanage de la culture. Par contre, une culture se transmet et s’exprime à l’aide du véhicule qu’est une langue. Elle est le lien qui unit une culture. Cependant, partager la même langue n’entraine pas nécessairement un partage de la culture. 

Langue et communication

Assimiler la communication linguistique à la simple transmission d’une série de mots tirés d’un index prédéterminé que l’interlocuteur « décode » à l’aide du même index est extrêmement réducteur. Il suffit de considérer l’usage non littéral du langage. Dans l’usage de figures de style, telles la métaphore, l’ironie, la litote et autres, ce qui est dit ne correspond pas littéralement à ce qu’on veut communiquer. L’interlocuteur doit déduire la signification autrement que pas un simple décodage. Notons également l’importance du non verbal (gestes, regards, etc.) dans l’interprétation des énoncés.

Outre le contexte de l’énoncé, l’existence de référents communs aux locuteurs en présence facilite la compréhension et permet une communication plus fluide. Cela s’étend à d’autres usages du langage. Reboul et Moeschler (1998b) rappellent l’exemple d’un père qui demande à son enfant de se laver les dents et celui-ci répond « Je n’ai pas sommeil ». Dans ce cas, le comportement appris (une manifestation de la culture commune au père et à son enfant) est de se laver les dents avant d’aller au lit. L’enfant a compris que le père voulait communiquer qu’il était temps de se coucher.La communauté de culture facilite la communication en permettant une plus grande variété d’usages de la langue et la simplification des énoncés. À l’opposé, par souci d’être compris, la communication entre locuteurs ayant des référents ou des cultures qui diffèrent utilisera un langage plus près du « code », et sera généralement moins satisfaisante. Il existe donc ce qu’on pourrait appeler une « impédance linguistique » à arrimer entre les locuteurs pour permettre une communication maximale. Comme en électronique, l’absence d’un arrimage d’impédance satisfaisant entre des composantes peut compromettre certains signaux (en électronique, cela est fonction de la longueur d’onde de ces signaux). 

La situation du Québec

Linteau (2008) brosse un tableau de l’organisation politique et sociale du Québec entre 1850 et 1960. L’industrialisation cause d’abord l’urbanisation d’un peuple d’agriculteurs qui se retrouve confronté à des technologies d’origine britannique ou américaine, toujours accompagnées de termes anglais pour les décrire. La langue des affaires et celle des patrons est l’anglais. Les entrepreneurs anglophones implantent de grandes entreprises : sociétés forestières, centrales électriques, des usines de pâtes et papier et autres. L’économie canadienne-française s’installe graduellement, à une plus petite échelle : marchands, certaines banques et compagnies d’assurance. Dans les années 1920, les produits américains pénètrent le marché à grande échelle. La grande entreprise, contrôlée de Toronto ou des États-Unis, marginalise l’entreprise locale et menace une économie francophone fragile. On assiste à une division ethnique du travail où les emplois les moins intéressants sont occupés par les Canadiens français. Après la guerre, on assiste à un regain de prospérité pour tous. Des élites francophones mieux éduquées émergent. Celles-ci n’acceptent pas le statut économique et linguistique inférieur qui leur est réservé et exigent des changements.

Ce mécontentement relativement à une situation de diglossie va conduire à des bouleversements importants au cours de la décennie 1960-1969. Robert (2008) passe en revue certains éléments notables : création du ministère des Affaires culturelles et de l’Office de la langue française ; manifestations par le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) en faveur de l’unilinguisme français ; émeute lors du défilé de la Saint-Jean-Baptiste ; la « crise de Saint-Léonard », mettant en cause la liberté de choix de la langue d’enseignement, les immigrants préférant se tourner vers l’école anglaise ; la radicalisation du Front de libération du Québec (FLQ) ; le « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle ; les projections des démographes évoquant la possibilité que Montréal devienne une ville à majorité anglophone ; la Commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme.

La commission Laurendeau-Dunton revêt une importance particulière en raison de son effet sur la politique fédérale : adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969 et, deux ans plus tard, l’adoption de la politique du multiculturalisme. Le Canada se dote de deux langues officielles, mais d’aucune culture officielle.

En 1974, la loi 22 du Québec proclame que le français est la langue officielle, mais maintient le libre choix de la langue d’enseignement pour autant que les élèves aient une connaissance suffisante de cette langue. En 1977, la loi 101 limite l’accès à l’école anglaise à la communauté anglophone du Québec et instaure des mesures pour obliger la francisation des entreprises ainsi que l’affichage public et la publicité commerciale en français. La loi crée aussi plusieurs organismes : l’Office de la langue française (assistance aux entreprises, qualité de la langue, terminologie) ; la Commission de surveillance de la langue française (enquêtes sur le respect de la loi) ; le Conseil de la langue française (conseils au ministre) ; la Commission de toponymie (attribution des noms de lieux) (Rocher, 2008).

Au cours des 50 dernières années, le statut des francophones et du français dans la société québécoise s’est beaucoup amélioré, en partie grâce aux effets de l’intervention gouvernementale sur la langue. Cette incessante bataille pour assurer la primauté du français, dont plusieurs aspects ont dû se régler devant les tribunaux, a cristallisé le français comme l’élément central de l’identité québécoise. Cela est facile au Québec puisque c’est le véhicule de la culture fortement majoritaire. Cela est plus difficile au Canada, devant composer avec deux langues officielles de caractère universel véhiculant deux cultures majoritaires dans deux régions géographiquement distinctes. Le gouvernement canadien se contente généralement de défendre les droits des minorités linguistiques, et de centrer l’identité canadienne sur le respect des droits de la personne et la richesse du multiculturalisme. 

La situation de certains pays est encore plus complexe. C’est le cas de l’Indonésie, qui compte 700 langues, dont aucune n’est majoritaire. La langue officielle y a été élaborée à partir de différents dialectes indonésiens, sans en privilégier aucun. Cette langue, acceptée par la majorité de la population, symbolise l’unité nationale dans un pays multiculturel et multilingue (Leclerc, 2022). Cela dénote l’importance accordée à une langue commune.

Le combat pour la langue n’est pas terminé au Québec. Il ne se passe pas une journée sans qu’un aspect ou un autre de ce combat ne surface dans l’actualité : seuils d’immigration par rapport à la capacité d’intégration et de francisation, nombre et provenance des étudiants étrangers, langue des travailleurs étrangers, les demandeurs d’asile, la quasi-absence de francophones sur certains conseils d’administration, l’application de la loi 101 au cégep, la capacité à se faire servir en français dans les commerces, etc. Chaque nouvelle information ou statistique isolée suscite de fortes réactions dans la population. Le Conseil supérieur de la langue française met en garde contre les interprétations hâtives d’observations disparates sans considération d’un contexte plus large et complexe. Le Conseil souligne que des améliorations notables sur la situation du français passent parfois inaperçues (2013).

Ces combats ne sont pas seulement motivés par un besoin de maintenir le statut du français, mais aussi le besoin d’assurer sa survie. La croissance de la population au Canada dépend largement du solde migratoire, qui comptait pour 80 % en 2017 (Université de Sherbrooke). Une immigration de langue maternelle francophone au Québec est donc hautement désirable, de même qu’une capacité de francisation importante pour les immigrants non francophones.

L’intense intérêt porté à la langue relègue souvent la question de la culture au second plan. Si on considère l’immigration francophone, les bassins principaux sont la France et l’Afrique de l’Ouest. 90 % des francophones de moins de 30 ans résideraient sur le continent africain en 2070 (Organisation internationale de la francophonie, 2022). Malgré une langue commune (d’une variété différente), la culture des immigrants n’est pas la même que celle qui existe au Québec. Comme les langues en contact, les cultures en contact s’influencent l’une l’autre et il faut considérer non seulement l’intégration à la société québécoise, mais aussi l’impact de la culture externe sur cette société. À ce chapitre, les questions d’orthopraxie religieuse font souvent réagir la population, de même que le traitement réservé aux femmes dans certaines cultures. Chose certaine, dans un contexte d’immigration nécessaire, le folklorique « Québécois pure laine » est appelé à disparaitre.Les moyens de communication actuels (télévision, cinéma, internet, vidéos, réseaux sociaux, etc.) permettent les contacts entre les cultures autres que par des contacts directs entre les individus. Dans ce cas, on se soucie souvent de l’influence d’une langue anglaise dominante, mais il faudrait porter plus d’attention à la culture, et plus spécifiquement à ce qui influence le comportement. Des manifestations artistiques tels chansons, spectacles ou autres ne sont pas susceptibles d’avoir beaucoup d’influence en ce sens, mais tout ce qui expose ou représente une façon d’agir en société peut avoir une influence significative, en particulier chez les jeunes en quête d’une identité, si l’exposition est répétée et n’est pas balancée par une culture locale inculquée par les parents et le système d’éducation. Mentionnons seulement, à titre d’exemple, la violence physique pour régler des différends, l’attitude envers les femmes et les minorités, l’endoctrinement à certaines causes, et l’utilisation des armes à feu. Pour ce qui est de la violence verbale et de l’incivilité observée de plus en plus dans la société, les réseaux sociaux ont permis de banaliser ces actions en éliminant le frein naturel qui restreint les êtres vivants d’en attaquer d’autres : la crainte pour leur propre sécurité physique.  

CONCLUSION

La culture se traduit par des comportements, des façons d’agir et de réagir. La langue est le véhicule de la culture. L’apprentissage de la langue maternelle commence très tôt. Cette langue est la mieux adaptée pour communiquer fidèlement des concepts puisque ces concepts sont appris concurremment avec la langue. L’apprentissage d’une langue seconde demande des efforts et sa parfaite maitrise est très peu probable. De plus, une langue seconde découpe la réalité du monde en concepts qui ne correspondent pas exactement à ceux de la langue maternelle. La langue est plus qu’un simple code. L’existence de référents communs ou de culture commune entre locuteurs permet des raccourcis et des emplois non littéraux qui facilitent la communication.

Pour des raisons historiques, les francophones du Québec, majoritaires, se sont retrouvés en situation de diglossie devant l’anglais dominant. Depuis le milieu du vingtième siècle, les gouvernements ont déployé des efforts importants pour corriger cette situation, avec un certain succès. Cependant, le combat pour maintenir le statut du français et assurer sa survie se poursuit, particulièrement dans un contexte où la croissance de la population dépend largement de l’immigration. Les discussions sur la langue prennent beaucoup de place, occultant parfois les éléments liés à la culture qui risquent d’influencer la société, non seulement en ce qui a trait à l’immigration, mais aussi à travers les moyens de communication modernes.            

Références

Balibar, E. (1994). Identité culturelle, identité nationale. Dans Quaderni, no 22. https://www.persee.fr/doc/quad_0987-1381_1994_num_22_1_1062

Bertoncini, J. et De Boysson-Bardies, B. (2000). La perception et la production de la parole avant deux ans. Dans M.Kail et M. Fayol (dir.), L’acquisition du langage en émergence de la naissance à trois ans. chap. 4, Paris, France.

Conseil supérieur de la langue française. (2013). Redynamiser la politique linguistique du Québec. [Avis au ministre]

Daviault, D. (2011). L’acquisition du lexique. Dans L’émergence et le développement du langage chez l’enfant. Montréal, Québec : Chenelière Éducation.

Defamie, A. et Balsen Pantic, J. (2014). Théorie de l’Esprit et bilinguisme : Avantage des bilingues dans les tâches affectives et cognitives? Cognitive Sciences

Delouvée, S. et Wagner-Egger, P. (2022). 4. L’influence sociale. Dans Manuel visuel de psychologie sociale, p. 57.  https://www.cairn.info/manuel-visuel-de-psychologie-sociale–9782100813070-page-57.htm

Guimond, M. (2006). [Intervention d’un député du Bloc québécois]. Dans Chambres de Communes, Hansard, 2006-11-23 12 :03, p. 5246. https://www.noscommunes.ca/PublicationSearch/fr/?View=D&Item=&ParlSes=39-1&oob=&Topic=&Proc=&Per=&Prov=&Cauc=&Text=nation%20Québec&RPP=15&order=&targetLang=&SBS=0&MRR=2000000&Page=57&PubType=37  

Hallé, P.-A. (2004). Acquisition du langage : spécialisation des enfants dans leur langue maternelle. French National Centre for Scientific Research, Paris, France. 

Leclerc, J. (2022). Indonésie. Dans Aménagement linguistique dans le monde. Repéré le 24 février 2024 à https://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/indonesie-1_langues.htm#:~:text=Manifestement%2C%20la%20langue%20numériquement%20la,indonesia)%20demeure%20la%20langue%20officielle.

Linteau, P.-A. (2008). La nouvelle organisation politique et sociale. Dans M. Plourde et P. Georgeault (dir.), Le français au Québec : 400 ans d’histoire et de vie, Montréal, Fides.

Organisation internationale de la francophonie. (2022). La langue française dans le monde 2019-2022. Gallimard. https://www.francophonie.org/sites/default/files/2023-03/Rapport-La-langue-francaise-dans-le-monde_VF-2022.pdf

Radio-Canada, (2006) La Chambre reconnaît la nation québécoise. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/331287/vote-nation

Reboul, A. et Moeschler, J. (1998a). Langage et concepts. Dans La pragmatique aujourd’hui, Édition du Seuil, chap. 7

Reboul, A. et Moeschler, J. (1998b). Usage littéral et non littéral du langage. Dans La pragmatique aujourd’hui, Édition du Seuil.

Robert, J.-C. (2008). La langue, enjeu politique du Québec. Dans M. Plourde et P. Georgeault (dir.), Le français au Québec : 400 ans d’histoire et de vie, Montréal, Fides.

Rocher, G. (2008). La politique et la loi linguistique au Québec en 1977. Dans M. Plourde et P. Georgeault (dir.), Le français au Québec : 400 ans d’histoire et de vie, Montréal, Fides.Université de Sherbrooke. (2017). Canada, croissance démographique. [Outil en ligne]. https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/ComprendreContextePop/CAN/2017/?

LE CHEMINEMENT DU FRANÇAIS EN LOUISIANE : CULTURE ET IDENTITÉ

Au crépuscule de la décennie 1960-70, la Louisiane promulgue des lois visant la création de programmes destinés à développer et préserver la langue française sur son territoire. En 1983, Dorais constate « un regain d’intérêt pour la culture traditionnelle », mais souligne l’incongruité, aux yeux des Québécois, de la croyance de plusieurs Cajuns à l’effet qu’ils peuvent « conserver leur identité spécifique » sans pour autant parler français[i]. Une cinquantaine d’années après l’implantation des changements instaurés par l’État, nous sommes maintenant en mesure d’en apprécier les effets. Nous allons d’abord revenir sur l’histoire du français en Louisiane en examinant brièvement les modifications pertinentes faites à sa constitution au cours des années, ainsi que la persistance de son Code civil d’origine française. Nous discuterons ensuite de l’éveil de la population louisianaise à la culture francophone au milieu du XXe siècle, encouragé par des organismes gouvernementaux, tel CODOFIL, et soutenu par des partenaires internationaux. Nous verrons ensuite comment, au XXIe siècle, propulsé par l’explosion des moyens de communication et une recrudescence de l’enseignement du français en immersion, la langue et la culture francophone ont continué de progresser. Enfin, nous examinerons les données du recensement à propos de la langue parlée à la maison en Louisiane et dans les paroisses francophones et tenterons de tirer des conclusions quant à la langue, la culture et l’identité de la population cadienne.       

XVII-XX siècle : le choc des langues

Le français René Robert Cavelier, Sieur de La Salle, prit possession du territoire qu’il nomma « Louisiane » en 1682, en honneur de Louis XIV, roi de France. En 1717, un gouvernement civil est établi et le droit civil français codifié est appliqué dans la colonie[ii].

À la fin de la guerre de Sept Ans (1763), la colonie française est cédée à l’Espagne par le Traité de Paris. Le régime espagnol, qui comporte certaines similitudes avec le système français (religion, culture, lois), se fait sans heurts sur le territoire et n’empêche pas la progression du français[iii]. Une quarantaine d’années plus tard, entre 1800 et 1803, l’Espagne accepte de retourner la Louisiane à la France, qui la vend alors aux États-Unis. La nouvelle acquisition des Américains formera le « Territory of Orleans ».

En 1812, le territoire devient officiellement le dix-huitième État. La nouvelle constitution de l’État, écrite en français et traduite en anglais (une condition d’accession à l’Union), et ses nombreuses modifications au cours des années qui suivront auront une influence importante sur le statut du français[iv]. Fortement francophone au moment d’accéder au statut d’État, la Louisiane est incapable, malgré ses efforts, de maintenir cette position dominante. Rapidement, l’État est envahi par une population anglo-américaine qui, dès 1845, vise à prendre un contrôle plus important sur les affaires de l’État. Vingt ans plus tard, cette domination anglophone se traduit par des changements drastiques dans la constitution de 1868 : l’enseignement devra se faire en anglais seulement et les lois ne seront promulguées qu’en anglais. Une quinzaine d’années s’écouleront avant de voir des assouplissements et le retour d’une forme d’enseignement en français à certains endroits où le français prédomine, assouplissements qui s’étendront quelque peu dans la constitution de 1898. Malheureusement, le français est déjà très affaibli. Tellement qu’on ne voit plus la nécessité, dans la constitution de 1921, d’y accorder une importance particulière. L’anglais devient la langue unique d’enseignement. Vers la fin des années 1960, un mouvement en faveur de la réintroduction du français renait, ce qui mène à l’ajout d’un énoncé général dans la constitution de 1974, mais le français n’y est pas mentionné explicitement. On reconnait tout au plus le droit du peuple de préserver et promouvoir ses origines linguistiques et culturelles historiques. Les langues autres que l’anglais sont traitées comme d’anciennes pièces de monnaie : on reconnait leur valeur, mais elles n’ont plus cours légal.

Malgré l’affaiblissement généralisé du français au profit des Anglo-américains, il faut noter que la Louisiane a su conserver son Code civil. La version de 1825, écrite en français, puis traduite en anglais, a fait l’objet de vives critiques de la part de la Cour suprême de la Louisiane pour la piètre qualité de la traduction, au point où tout conflit entre les deux versions sera tranché en faveur de la version française. Il est remarquable que cet état de choses se soit maintenu même après la publication (en anglais seulement, en conformité avec la constitution de 1868) du Code civil révisé de 1870, cela pour les articles n’ayant pas fait l’objet d’une révision[v]. Les cours continuent donc de faire appel à la version française de 1825 dans l’interprétation de la loi : « Therefore, although the corpus of the French language has long since disintegrated, its spirituscontinues to haunt Louisiana law[vi]. »

Cette période est constituée de hauts et de bas dans la lutte pour le maintien de la langue autrefois majoritaire. Malgré les efforts déployés, l’élimination de l’enseignement du français en 1921 aura un impact important sur les générations suivantes et leur capacité à freiner le déclin inéluctable qu’une telle décision entraine.     

Fin XXe siècle : l’éveil à la culture

Le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), un organisme gouvernemental fondé en 1968 (Acte 409), est chargé de la difficile tâche de développer et préserver la langue française en Louisiane[vii]. Les interventions sont concentrées à l’intérieur d’un triangle composé de 22 paroisses formant la région « Acadiana », ainsi nommée en 1971 (résolution 496) pour souligner l’important héritage cadien et acadien de la région[viii].

Au même moment (1968), l’assemblée législative mandate l’enseignement de la langue et de la culture française dans les écoles primaires et secondaires[ix].

En 1991, Jacques Henry (directeur du CODOFIL) dresse un portrait sommaire des résultats de l’organisme après deux décennies d’existence[x]. Les deux principaux créneaux d’intervention sont l’éducation et les communications. L’enseignement du français, langue seconde, dans les écoles primaires profite alors à 64 000 élèves. Près des deux tiers des professeurs sont louisianais, alors qu’auparavant la majorité venait de l’étranger (France, Belgique, Québec, Acadie). La culture francophone s’épanouit : écrivains, musiciens, acteurs et autres artistes font leur marque. L’arrivée de TV5 et de journaux, comme La gazette de Louisiane[xi] permet d’implanter le français dans l’univers médiatique local. 

Il nous faut souligner ici l’apport du Québec et de l’Acadie dans cette résurgence du français[xii]. Dès la formation de CODOFIL, un accord culturel est signé avec le Québec, qui établit un bureau à Lafayette en 1971. Des enseignants sont envoyés et des échanges d’élèves prennent place. La signature d’un accord culturel avec les Maritimes en 1992 déplace le point de mire vers l’Acadie, ce qui renforce « la baisse d’importance du critère linguistique dans la définition de l’identité cadienne et le glissement vers une définition historico-culturelle »[xiii]. Les Congrès mondiaux acadiens (le premier en 1994 au Nouveau-Brunswick ; le second en Louisiane en 1999) sont des occasions pour la famille acadienne de se réunir[xiv].

Cette période est caractérisée par une prise de conscience sociale de l’importance de préserver la langue et la culture francophone : « Le statut du français louisianais est en train de passer rapidement d’une langue à réprimer à une langue dont on est fier »[xv]. Ce désir de préserver la culture francophone est encouragé par des initiatives du gouvernement louisianais qui, au-delà de la culture, y voit des avantages économiques. L’attrait de cet état pour les nombreux visiteurs qui y séjournent réside précisément dans son unique héritage culturel.  

XXIe siècle : le boom culturel francophone

L’Assemblée législative de la Louisiane continue de manifester son appui en faveur du développement du français. Le paragraphe 671.1 de la loi 106 de 2011 est remarquable : « The heritage of the French-speaking people of Louisiana is one of the greatest treasures of Louisiana’s rich cultural patrimony and perhaps the most significant factor in making the state’s culture unique »[xvi]. Cette entrée en matière est suivie d’une description de l’impact économique important des francophones qui habitent et visitent l’État, le tout pour justifier l’instauration d’un programme visant à fournir des services gouvernementaux en français.

En 2012, lors d’une révision de la loi encadrant le CODOFIL, on ajoute l’exigence d’implanter une école d’immersion française dans vingt-deux paroisses de la région d’Acadiana[xvii]. Ces programmes d’immersion (au nombre de 4 en 1991), décrits en détail dans un guide produit par CODOFIL[xviii], sont la pierre angulaire de la stratégie de francisation. Parmi les 160 écoles offrant un programme d’immersion en français aux États-Unis, la Louisiane se classe première en 2019 avec plus de 30 programmes[xix]. Malgré certains problèmes inhérents à ces programmes d’immersion, qui peuvent mener à un retrait de certains étudiants, une étude en 2011 conclut à un succès impressionnant pour ceux qui persistent[xx].  

La Louisiane adhère à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) depuis 2018, en qualité d’observateur. Dans son rapport 2019 sur la langue française dans le monde, l’OIF indique que « l’enseignement bilingue connait un engouement sans précédent »[xxi] aux États-Unis, surtout en anglais/espagnol, anglais/français et anglais/chinois. Il est mentionné que la Louisiane et l’Utah font particulièrement bonne figure dans ce domaine.

Le développement fulgurant de l’internet depuis le début du siècle a permis à de petits joueurs francophones de se tailler une place dans le monde des médias, à travers des blogues, balados, et la diffusion en ligne de contenus variés[xxii]. Un exemple probant est la création de Télé-Louisiane, une chaine francophone qui s’affiche d’une façon on ne peut plus colorée : « Télé-Louisiane. Icitte. Asteur. Ensemble. ». Particulièrement notable, la chaine produit et diffuse depuis peu une série de dessins animés destinés aux jeunes Louisianais[xxiii].    

Les données du recensement[xxiv] nous informent à propos du nombre de locuteurs âgés de 5 ans et plus parlant le français à la maison dans l’état de la Louisiane. L’espagnol est inclus pour fin de comparaison.

Il apparait clairement que le français est en rapide déclin, et cède maintenant sa place à l’espagnol comme langue d’usage, après l’anglais. Voici les mêmes données en ce qui concerne le poids de la langue dans l’État.

Ces faibles pourcentages en ce qui concerne l’État ne reflètent pas bien la situation du français dans la région d’Acadiana, où la majorité des francophones se trouvent. Voici une comparaison des données de 2000 et 2010 dans cinq paroisses ayant un pourcentage élevé de francophones[xxv].

On constate une baisse importante du poids du français entre 2000 et 2010. Aucune paroisse ne dépasse maintenant les 20 % de francophones. De gauche à droite, les paroisses sont représentées du nord au sud : Avoyelles, au sommet du triangle d’Acadiana ; Vermillon/Lafourche adjacentes au golfe du Mexique. On note que le nombre de locuteurs accuse une baisse de plus de 30 % au nord, mais que cette baisse diminue fortement lorsqu’on se dirige vers le sud.

Ces données ne comptabilisent pas ceux qui maitrisent la langue française comme langue seconde, sans pour autant parler la langue à la maison. Un récent reportage de TV5Monde laisse entendre qu’il y aurait plus de 250 000 « francophones » en Louisiane aujourd’hui, une augmentation de 25 % en vingt ans[xxvi]. Cela tend à démontrer que même si le français est en constant déclin comme langue d’usage dans les foyers, les efforts des dernières décennies ont largement contribué à augmenter sa présence comme langue seconde.

Cette dichotomie entre la diminution du nombre de locuteurs parlant la langue à la maison et l’augmentation du nombre de ceux qui arrivent à la maitriser n’est pas sans conséquence. Chaque peuple possède un caractère distinct, une manière d’être et de réagir qui définit son identité. L’identité d’un peuple s’exprime de façon unique par ses structures sociales et sa culture. Un aspect important dans l’expression de cette culture est la langue, façonnée par l’usage de façon à refléter les exigences et aspirations de ce peuple. La langue parlée à la maison est généralement le véhicule utilisé pour exprimer ce caractère identitaire de la culture. Comme le dit le fier cadien francophone Jourdan Thibodeaux dans un excellent reportage de France24 : « Je crois que le plus important c’est la langue, que sans ça on n’a rien »[xxvii]. Nous pouvons contraster ce témoignage avec celui de cette jeune femme qui assiste au petit déjeuner hebdomadaire en français dans un restaurant local de Lafayette, dans un effort pour raviver la langue de ses ancêtres « parce que mes arrière-grands-parents parlaient français, mes grands-parents, mes parents ne parlent pas français »[xxviii]. Dans ce cas, il s’agit d’une démarche intellectuelle en faveur de la connaissance de la langue française et de la culture francophone. Ce type de démarche, qui a pris de l’ampleur au cours des dernières décennies, semble porter ses fruits, mais cette langue à laquelle on donne un second souffle exprime de moins en moins le caractère identitaire de ses locuteurs pour qui ce n’est plus la langue d’usage dans les foyers. Elle permet par contre de reconnaitre et célébrer la culture francophone qui fait partie de l’héritage cadien. Dans un article de 1994, Étienne Balibar clarifie de façon remarquable les notions complexes de culture et d’identité des peuples[xxix].     

Il est difficile de prévoir avec certitude l’avenir du français en Louisiane. Le plein effet des programmes d’immersion, dont plusieurs sont relativement récents, prend un certain temps avant de se faire sentir. Par contre, si la tendance se maintient et si les autorités gouvernementales continuent leur support, l’État semble s’être engagé sur la bonne voie pour éviter la disparition de la langue, voire assurer sa progression comme langue seconde. Mais d’autres facteurs sont à considérer. Avec la diminution constante du poids du français comme langue parlée à la maison (et l’augmentation de l’espagnol), viendra-t-il un temps où les programmes d’immersion en français n’auront plus la cote ni le support des autorités gouvernementales ? Dans un autre ordre d’idée, les mouvements de populations en réponse aux changements climatiques ou autres désastres vont-ils influencer la présence francophone dans le sud de l’État ? Les changements climatiques se font déjà sentir et ce n’est que le début : augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes tropicales et ouragans ; hausse du niveau de la mer et ennoyage des côtes ; inondations ; et autres effets résultant de la hausse des températures[xxx]. Le sud de la Louisiane et le golfe adjacent sont truffés d’installations pétrolières (raffineries, plateformes, puits, pipelines, etc.)[xxxi] qui constituent une menace constante de catastrophes environnementales comme celle de l’explosion de la plateforme BP en 2010.    

Conclusion

Le cheminement du français en Louisiane nous force à nous poser des questions à propos du rôle culturel et identitaire joué par la langue. Fortement francophone au moment de son annexion aux États-Unis en 1812, l’État s’anglicise graduellement jusqu’à ce que l’anglais devienne la langue juridique et d’enseignement exclusive en 1921. En 1968, le gouvernement rétablit l’enseignement du français comme langue seconde et encourage le développement du français avec la création de CODOFIL. L’intérêt pour la langue et la culture francophone continue de progresser au XXIe siècle, aidé par l’explosion des moyens de communication et la popularité des programmes d’immersion. Même si ces résultats semblent prometteurs pour l’avenir, nous constatons une diminution constante du poids du français parlé à la maison, ce qui nous amène à conclure que bien que la connaissance de la langue et de la culture progresse, le français exprime de moins en moins le caractère identitaire de ses locuteurs. 


[i] Dorais, Louis-Jacques. La Louisiane, Québec français. 1983, No. 49, p.20-22. En ligne. [https://www.erudit.org/fr/revues/qf/1983-n49-qf1210776/55418ac.pdf]. Consulté le 20 juillet 2021.

[ii] Leclerc, Jacques. La colonie française de la Louisiane, section 3.1, En ligne.  [http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/Nlle-France-Louisiane.htm] . Consulté le 23 juillet 2021. 

[iii] Ward, Roger K. The French Language in Louisiana Law and Legal Education: A Requiem, Louisiana Law Review Vol. 57 (1997), p. 1289, En ligne. [https://digitalcommons.law.lsu.edu/lalrev/vol57/iss4/7 ]. Consulté le 23 juillet 2021.

[iv] Ibid. p. 1291-1301

[v] Ibid. p. 1305-1306

[vi] Ibid. p. 1307

[vii] Louisiana Department of Culture. En ligne. [https://www.crt.state.la.us/cultural-development/codofil/about/index]. Consulté le 23 juillet 2021.

[viii] Acadiana Legislative Delegation. En ligne. [https://house.louisiana.gov/acadiana/]. Consulté le 23 juillet 2021.

[ix] Louisiana State Legislature, RS 17 :272. En ligne. [http://www.legis.la.gov/legis/Law.aspx?d=80397]. Consulté le 23 juillet 2021.

[x] Henry, Jacques. Le français en Louisiane : le doute, puis l’espoir, Bulletin de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, Volume 1, Septembre 1991, Numéro 1. En ligne. [https://www.regionamerique-apf.org/Bulletin/Vol1No1/Art9.pdf]. Consulté le 23 juillet 2021.

[xi] Boudreaux, Rose-Marye. La gazette de Louisiane : un peu d’histoire, Bulletin de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, Volume 7, Septembre 1997, Numéro 2. En ligne. [https://www.regionamerique-apf.org/bulletin/Vol7No2/art20.pdf]. Consulté le 23 juillet 2021.

[xii] Henry, Jacques. Réalignement francophone: les relations Louisiane-Québec-Acadie, Francophonie d’Amérique, (9), p 63-72. En ligne. [https://www.erudit.org/fr/revues/fa/1999-n9-fa1808597/1004956ar.pdf]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xiii] Ibid. p. 70

[xiv] La Société nationale de l’Acadie. Congrès Mondial Acadien. En ligne. [https://snacadie.org/nos-dossiers/promotion/congres-mondial-acadien]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xv] Brown B., Une remise en cause de la situation linguistique de la Louisiane française, Francophonies d’Amérique, 1993, (3), p. 177. En ligne. [https://www.erudit.org/en/journals/fa/1993-n3-fa1807525/1004457ar.pdf]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xvi] Act 106: Louisiana French Language Services. En ligne. [https://web.archive.org/web/20120331014149/http://latinlouisiana2010.wordpress.com/2011/07/04/act-106-louisiana-french-language-services/] . Consulté le 24 juillet 2021.

[xvii] Louisiana State Legislature, RS 25:651. En ligne. [https://legis.la.gov/Legis/Law.aspx?p=y&d=84519]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xviii] CODOFIL, French Immersion: A Guide for Creating a Successful Program, En ligne. [https://www.crt.state.la.us/Assets/OCD/codofil/Guide%20Immersion.pdf]

[xix] FrenchDLI.org, French Dual Language in the United States. En ligne. [https://sites.google.com/face-foundation.org/frenchdli/home]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xx] Nicole Boudreaux, Exploring French Immersion Student Attrition in Louisiana: Who Leaves, When, and Why?, American Council on Immersion Education (ACIE) Newsletter, May 2011, Vol. 14, No. 2. En ligne. [https://carla.umn.edu/immersion/acie/vol14/no2/may2011_rr.html]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xxi] Organisation internationale de la francophonie. La langue française dans le monde, Éditions Gallimard, 2019, p. 119. En ligne. [https://www.francophonie.org/sites/default/files/2020-02/Edition%202019%20La%20langue%20francaise%20dans%20le%20monde_VF%202020%20.pdf]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xxii] Le Courrier des Amériques, Louisiane : de nouveaux et très intéressants médias en français, 3 juin 2019. En ligne. [https://courrierdesameriques.com/2019/06/03/louisiane-de-nouveaux-et-tres-interessants-medias-en-francais/]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xxiii] Télé-Louisiane, Première des Aventures de Boudini et ses Amis : « Une Belle Journée de Pêche », 2021. En ligne. [https://www.youtube.com/watch?v=2zzGBKA1Wo8]. Consulté le 24 juillet 2021.

[xxiv] U.S. Census Bureau. En ligne. [https://data.census.gov/cedsci/table?g=0400000US22&tid=ACSDT1Y2019.B16001&q=ACSDT1Y2016.B16001]. Consulté le 25 juillet 2021.

[xxv] MLA Language Map Data Center. En ligne. [https://apps.mla.org/map_data]. Consulté le 25 juillet 2021.

[xxvi] Fried A., Francophonie: une chaine de télévision en français en Louisiane, TV5Monde, 13 mars 2021 En ligne. [https://information.tv5monde.com/video/francophonie-une-chaine-de-television-en-francais-en-louisiane]. Consulté le 25 juillet 2021.

[xxvii] France24, États-Unis: en Louisiane, avec les Cajuns qui veulent préserver leur identité. En ligne. [https://www.youtube.com/watch?v=ijL31NmPiKw]. Consulté le 25 juillet 2021.

[xxviii] Alex Décotte, Louisiane 2010 (5): Parler français. En ligne.

[https://www.youtube.com/watch?v=dYTqI7rF2ys]. Consulté le 25 juillet 2021.

[xxix] Balibar E., Identité Culturelle, identité nationale, Quaderni, 1994, (22), pp.53-65. En ligne. [https://www.persee.fr/doc/quad_0987-1381_1994_num_22_1_1062]. Consulté le 25 juillet 2021.

[xxx] U.S. Environmental Protection Agency, What Climate Change means to Louisiana, August 2016. En ligne. [https://19january2017snapshot.epa.gov/sites/production/files/2016-09/documents/climate-change-la.pdf]. Consulté le 25 juillet 2021.

[xxxi] ICF, The Economic Impact of the Oil and Natural Gas Industry in Louisiana, 2020. En ligne. [https://www.lmoga.com/assets/uploads/documents/LMOGA-ICF-Louisiana-Economic-Impact-Report-10.2020.pdf] . Consulté le 25 juillet 2021.

La pourvoirie de l’esprit

Philomène Barbeau, détective à la SQ qui s’est rarement éloignée de Montréal, devra composer avec la vie en région éloignée lorsqu’elle est chargée d’enquêter sur un meurtre qui a eu lieu sur une ile du Réservoir de Caniapiscau. La victime, un dirigeant d’Hydro, participait à un étrange pèlerinage entre les iles du réservoir, iles nommées en 1997 en l’honneur de textes d’auteurs québécois pour commémorer la loi 101.

Disponible sans frais pour lecture en ligne sur votre navigateur internet, sous forme de livre numérique feuilletable:

https://www.primedigits.com/lapourvoiriedelesprit/

Aussi disponible pour téléchargement en format PDF:

https://www.primedigits.com/lapourvoiriedelesprit/pdf/

L’Iliade

Je termine la lecture de l’Iliade, l’oeuvre poétique d’Homère, qui fait partie du Cycle troyen, c’est-à-dire l’ensemble d’épopées illustrant la guerre de Troie. Le texte fait près de 600 pages sur mon iPad. Il est composé de 24 « chants », traduits en français par Paul Mazon. Les vers disparaissent à la traduction, mais le texte demeure d’une qualité exceptionnelle, quoique d’un style peu familier. Voici quelques exemples.

Mais quand l’Étoile du matin vient annoncer la lumière à la terre, l’Étoile du matin, derrière qui l’Aurore en robe de safran s’épand sur la mer, le feu du bûcher s’apaise, la flamme tombe, et les vents chez eux s’en retournent à travers la mer de Thrace, qui gémit dans un gonflement furieux.

Ah ! fils d’Atrée, quel mot s’est échappé de l’enclos de tes dents.

Celui-ci sent se dilater son cœur, comme le blé sous la rosée, aux jours où grandit la moisson et où les champs se hérissent d’épis.

Malgré la beauté du texte, L’Iliade est difficile pour plusieurs raisons. L’histoire s’accroche au personnage d’Achille, fils de la nymphe marine Thétis et du mortel Pélée. Achille est le plus redoutable guerrier de la flotte grecque, pratiquement indestructible (sauf pour son talon). La flotte met le siège devant la cité de Troie (ou Ilion), sous les ordres d’Agamemnon. Le vieux roi Priam règne sur Ilion, alors que son fils préféré, Hector, est le héro des forces Troyennes. Priam, comme tout bon roi, a plusieurs enfants, comme il le décrit lui-même.

Ils étaient cinquante, le jour où sont venus les fils des Achéens ; dix-neuf sortaient du même sein, le reste m’était né d’autres femmes en mon palais.

Malheureusement, une dispute entre Achille et Agamemnon à propos d’une femme résulte en la décision d’Achille de ne pas participer à la bataille qui s’ensuit, sachant fort bien que son absence met en péril les chances de succès des forces grecques.

Pendant plusieurs chants, cette bataille est décrite dans les moindres détails (des centaines de pages!), ce qui me fait penser à la description d’un match de hockey. D’un côté de la patinoire, l’armée grecque; de l’autre, l’armée troyenne.

Imaginez la description d’un tel match, non pas à la télé ou à la radio, mais dans un texte. Il y a des dizaines et des dizaines de joueurs. Les commentateurs nomment chacun des joueurs, décrivent chaque interaction, incluant une description de l’équipement porté par les joueurs, les coups portés (plus graphiques et vicieux que dans Game of Thrones!), etc. Et comme dans un match de hockey, les commentateurs s’égarent dans les détails de la famille de chacun des joueurs et son histoire à mesure que le jeu se poursuit (et évidemment, on ne peut nommer quiconque sans faire suivre le nom de « fils de …. », ce qui multiplie les personnages).

Et puis il y a les arbitres, les dieux et déesses de l’Olympe, qui ne sont pas très attachés aux règlements. Les uns intercèdent pour aider ou nuire aux Grecs, tandis que d’autres se concentrent sur les Troyens, prenant toujours soin d’éviter le courroux du tout puissant Zeus. Il est recommandé de connaitre un peu la hiérarchie divine avant de se lancer dans l’Iliade. Voici mon travail inachevé à ce propos (s’ouvre dans un nouvel onglet):

Éventuellement, Achille se joindra à la bataille dans le but de tuer Hector, responsable de la mort de son meilleur ami. Les derniers chants (après le match de hockey) permettent à l’histoire de se dérouler de façon plus normale.